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Parlez-vous Bonheur au travail ?

Photo du rédacteur: Frédérique JeskeFrédérique Jeske

Plus le sujet du désengagement des salariés fait couler d’encre, plus il est question de bonheur au travail… Un nouveau métier a même émergé récemment, celui de CHO, « Chief Happiness Officer »… Est-ce une nouvelle mode ? Un prétexte pour redorer le blason d’entreprises ayant perdu le sens ? Ou un véritable levier du bien-être au travail ? Je suis allée enquêter en interrogeant une toute jeune CHO, Sarah Baron. Alors, le bonheur au travail, utopie ou réalité ?!


Sarah, peux-tu stp te présenter en quelques mots ?


Avec plaisir ! Je m’appelle Sarah Baron, j’ai bientôt 25 ans et je suis Chief Happiness Officer depuis 1 an.


Originaire d’Ile-de-France, j’ai créé Take Care Happiness, une auto-entreprise pour proposer mes services en tant que Consultante QVT, je suis également auteure d’un livre et je suis étudiante au CNAM de Paris où je prépare un doctorat sur le sujet de qualité de vie au travail à l’ère du numérique.




Tu es une jeune « Chief Happiness Officer »… En quoi cela consiste ? Etre « responsable du bonheur » en entreprise, est-ce une mode ou un vrai métier ?

Le métier de Chief Happiness Office est un poste émergent et donc encore bien trop flou pour beaucoup ! Le but de ce métier est d’aller plus loin que les ressources humaines traditionnelles et de faire en sorte que le travail soit une source de satisfaction personnelle et non pas ou plus quelque chose à subir.


C’est non pas être responsable du « bonheur » de l’individu, car en soit, le bonheur est propre à chacun, nous le savons bien. Nous faisons simplement en sorte que le collaborateur se sente ‘bien’ au travail dans les conditions les plus propices à son épanouissement.


Et ceci ne passe pas par le fameux « babyfoot » et la « corbeille de fruit ». Cela passe par un réel management par l’engagement et la fidélité du collaborateur dont on s’intéresse davantage à son travail quel qu’il soit (le sens, la charge, la faisabilité des objectifs, l’équilibre de vie professionnelle et personnelle) …


C’est pour moi un métier extrêmement complexe de par sa nouveauté mais aussi de par son positionnement. Il travaille en toute transversalité et représente l’un des fédérateurs de l’équipe, à côté de ceux qui seront réceptifs à être ambassadeur de cette QVT.


Le Chief Happiness Officer (Il existe d’ailleurs bien d’autres appellations) étant un réel moteur pour la communication interne d’une entreprise, son rôle est donc primordial. A mon sens, ce poste n’est pas un effet de mode, mais bel et bien une nécessité dès l’instant où nous prenons conscience que les français sont majoritairement démissionnaires de leur travail… Il y a énormément à faire, croyez-moi !


Le « bonheur au travail », c’est quoi par rapport au bonheur « tout court » ? L’entreprise peut-elle vraiment à ton sens, être considérée comme responsable du « bonheur » de ses salariés ? N’est-ce pas aller « trop loin » dans la volonté de l’entreprise de faire plaisir aux collaborateurs ?

Pour moi bonheur tout court, c’est trouver sa place au sein de son environnement premier ; la famille, les amis, les loisirs, les passions, sentir que l’on a développé une personnalité et être aimé pour. Maintenant le bonheur au travail, c’est tout simplement sentir que nous avons notre place dans la structure dans laquelle nous travaillons, que notre travail apporte une réelle valeur ajoutée et que nous sommes donc considéré comme un élément moteur. (On voit bien, de ce fait, le parallèle entre le bonheur et le bonheur au travail). Chacun doit, à sa façon, sentir qu’il est important pour les objectifs et les résultats de l’entreprise, qu’il soit présent depuis 1 mois, 1 an ou 10 ans. C’est se lever avec envie mais également être reconnu à sa juste valeur, au-delà de la rémunération qui doit être suffisante pour subvenir à nos besoins.


Alors évidemment, comme je le disais plus haut, l’entreprise ne peut être considérée comme l’unique responsable du « bonheur » des salariés. Cependant, à l’heure où les mœurs et les mentalités tendent à changer avec l’avènement du numérique et des attentes des nouvelles générations, il semble évident de dire que « le bien-être » sera un critère de recherche de la part des candidats. Ils attendront non pas forcément que l’entreprise prenne « leur bonheur » en main, mais du moins que leurs conditions de travail soient satisfaisantes au-delà de l’aspect matériel (avantages et rémunération). Nous parlerons alors de confiance, d’autonomie et de force de proposition, qu’on leur accordera afin de faire leurs preuves.


On parle beaucoup de QVT en ce moment : qu’est-ce que c’est ?

La Qualité de Vie au Travail est selon moi une démarche visant à lutter contre les effets nuisibles du travail réalisé sans réel management ou suivi (RPS, TMS, Burn-out…) et à favoriser l’engagement et la fidélité des collaborateurs par un programmes d’actions à piloter en co-construction avec la direction et l’ensemble de l’entreprise.


Quels sont pour toi les leviers majeurs de création d’engagement et de cohésion dans l’entreprise de demain ?

La communication sous toutes ses formes ! Que l’entreprise soit une TPE, PME, Start-up, qu’elle soit aménagée en bureaux fermés, en flex offices ou open space, la communication interne est vraiment l’une des clés essentielles à inscrire dès le début.

Et quand, je dis communication sous toutes ses formes, on part de la base ; le fameux « SBRAM » que j’ai appris lors de ma première expérience professionnelle en qualité de vendeuse polyvalente dans une boutique de prêt à porter : S = Sourire, B = Bonjour, R = Regard, A = Au revoir, M = Merci.


La communication verbale, non verbale, le regard, les mots, absolument tout a une importance dans la considération de l’autre, tout comme la politesse et le respect.

Puis, au-delà de ces explications comportementales, la communication avec l’autre ; l’échange sur des informations importantes, les réunions, les lettres d’informations, les évènements conviviaux. Qui n’a jamais entendu parler des « afterworks » ?


Certes, ils ont une connotation peut-être « légère » pour certains et pourtant, tout se joue là ; on apprend à connaître l’autre, on brise la glace, on peut créer du lien, partager des visions communes, des passions. J’ajouterai enfin le team-building ; il n’y a rien de plus fun et de plus probant pour souder et créer une belle cohésion ; soit on gagne, soit on perd, mais on le fait ensemble, main dans la main ! Finalement, l’équipe d’une entreprise, c’est un peu comme une seconde famille ; rien ne sera jamais linéaire, il y aura de l’investissement, des temps forts dans le bon et le moins bon, du soutien, des conflits, mais qui seront toujours réglés si le management est bienveillant, impartial et conciliant.


Et la RH, demain, que doit-elle devenir ?

Encore plus humaine qu’elle ne l’est déjà !

Il y a, à mon sens, encore trop de loupés dans la façon de gérer les recrutements, le suivi des candidats (souvent laissés sans réponse malgré les semaines qui passent), trop d’automatisation.


Il y a le dilemme de devoir optimiser les processus numériques et en même temps de remettre l’humain au cœur de l’organisation. L’enjeu pour la RH de demain est d’être plus conciliante, favoriser les soft-skills et peut-être être un peu moins regardantes sur les diplômes, au risque de passer à côté de réels talents.


Alors, convaincus par les convictions de Sarah ?

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