Dire que les dirigeants sont des gens stressés est un euphémisme : confrontés à la pression et à l’incertitude, à de fortes charges de travail, à l’impérieuse nécessité d’allier vision stratégique et gestion du quotidien, à la quête de performance et au contrôle de la trésorerie… victimes de l’accélération des process et des décisions…, entrepreneurs et dirigeants sont soumis à une tension permanente.
Ménageons le capital immatériel de l’entreprise… et reconnectons-nous à nous-mêmes…
Nous le savons, le premier capital immatériel de l’entreprise, c’est bien son dirigeant et son équipe de managers !
D’où l’importance de préserver son propre capital santé, avant même de s’occuper de la santé de ses collaborateurs.
Comment s’occuper de soi, lorsqu’on a l’habitude de prendre soin des autres ? Comment revenir à soi, et se reconnecter à soi-même, quand on est en permanence connectés aux autres grâce aux outils numériques… jusqu’à s’oublier ?…
Je suis toujours surprise de constater qu’aujourd’hui nous préférons faire confiance à nos montres connectées pour savoir si on a bien dormi ou si notre séance de sport a été efficace… plutôt que d’écouter les réactions de son corps et de son esprit !
Comment revenir à la réalité tangible, quand on est submergé de virtuel et d’écrans en tout genre ?
Engagée pendant de nombreuses années dans des missions professionnelles au sein de grands groupes internationaux dans lesquels la pression était permanente, et souffrant par ailleurs d’une maladie chronique occasionnant des douleurs, j’ai pratiqué longtemps la sophrologie… Puis, j’ai oublié…
En fin d’année 2017, me sentant débordée parfois par la charge de travail, par les imprévus du quotidien professionnel, par mes émotions ou par la recrudescence de douleurs oubliées, j’ai décidé d’expérimenter la méditation « Mindfulness », ou Pleine conscience.
Cette approche d’origine bouddhiste, vantée et promue par de nombreux dirigeants de grandes entreprises, est-elle la panacée, une recette miracle pour devenir un dirigeant serein, ou un effet de mode qui disparaîtra aussi vite qu’il est apparu ?
C’est quoi, la méditation « Pleine Conscience » ?
Loin d’être réservée aux yogis ou aux nostalgiques de l’époque hippie, je décrirais cette pratique vieille de 2000 ans avant tout comme une pratique de « lâcher prise », puisqu’il s’agit de se concentrer sur le moment présent, d’être présent à ce qui est.
Et il est bien difficile de lâcher prise et de retrouver de l’attention, dans un environnement où passe d’une tâche à l’autre en permanence…
Là où on court sans cesse après le temps, la méditation invite à s’arrêter. Notre rythme de vie est à l’opposé de la pratique de la méditation : comment faire se rencontrer business et sagesse ?
En s’éloignant des valeurs religieuses et spirituelles, la méditation de pleine conscience s’est concentrée sur ses effets pratiques. Ainsi, elle consiste très concrètement à se concentrer sur sa respiration, sur le moment présent, et analyser les sensations ressenties.
La pratique est assez souple et simple, puisque ces exercices de respiration et de concentration peuvent se pratiquer n’importe où et en n’importe quelles circonstances ! 10 à 15 minutes par jour suffisent à en ressentir les effets…
Il s’agit finalement, en complément d’une activité physique, de muscler son cerveau, son mental, son esprit !
S’entraîner au calme à devenir plus zen, à la clairvoyance… ça se travaille comme la condition physique.
Le psychiatre Christophe André a proposé une définition de la méditation qui me semble illustrer parfaitement mon ressenti : « c’est apprendre inlassablement à laisser décanter le tumulte de nos états d’âme et le bavardage de notre esprit ».
La méditation est-elle un effet de mode ou un vrai moteur de bien-être ?
De nombreux dirigeants américains pratiquent la méditation de pleine conscience depuis de longues années, et le « filon commercial » s’est vite développé : gourous de la méditation, publication de dizaines de livres, programmes de formation en entreprise, ateliers de méditation… les offres se multiplient et transforment la méditation de pleine conscience en industrie lucrative.
A tel point qu’on peut s’interroger sur ce nouvel engouement…
Fort heureusement, les neuroscientifiques et la médecine viennent confirmer les effets bienfaiteurs de la méditation sur la santé. De nombreuses études scientifiques ont été réalisées ces dernières années, et la pratique de la méditation de pleine conscience est entrée dans les hôpitaux et les instituts de soin pour compléter les protocoles de soin traditionnels. Ainsi, plus de 800 centres hospitaliers dans le monde l’utilisent pour traiter et soulager des pathologies variées : dépression, douleurs, sommeil, addictions, maladies inflammatoires…
De quoi rassurer l’apprenti méditant sur le sérieux de cette pratique ! Je suis personnellement persuadée qu’il s’agit avant tout d’une expérience personnelle et subjective, d’une pratique de « bon sens » pour apaiser son esprit…
Et la science a établi ces dernières années le pouvoir de l’esprit sur le corps… et le fait que la méditation agisse non seulement sur notre état d’esprit mais aussi sur le cerveau, les cellules et même l’ADN ! (Lire l’article « Méditation et hypnose, les vrais effets » Sciences et Vie Mars 2018).
Quels sont les bienfaits de la méditation ?
En pratiquant la méditation de pleine conscience, on apprend donc à prêter attention à son corps, ses sensations, ses émotions, ses pensées… bref, à se recentrer. C’est une véritable prise de recul intérieure.
Et l’impact n’est pas neutre, si on croit les adeptes, puisqu’une pratique régulière permettrait :
D’apaiser son esprit et son stress, pour mieux gérer nos états intérieurs et nos émotions, mieux réguler notre humeur et réduire notre anxiété.
De développer la concentration et la vigilance
De bénéficier d’une meilleure flexibilité mentale pour mieux s’adapter aux situations et prendre le recul nécessaire face aux situations difficiles et de conflit
D’augmenter son empathie, son écoute et son ouverture aux autres, avec en prime plus de bienveillance et de confiance en l’autre !
Bref, plus d’équilibre, d’énergie, d’efficacité et de sérénité, plus de performance personnelle, plus de leadership ?
Retrouver le sens de nos actions et mieux distinguer l’essentiel de l’important ? Apprivoiser nos émotions et atteindre une certaine stabilité émotionnelle ? Réduire notre stress et améliorer notre santé ?
Ça fait rêver, non ?
Je peux vous dire en tout cas qu’après 3 mois de pratique light mais régulière, j’en ressens clairement les effets positifs, surtout en période de forte pression professionnelle. Il est plus facile de garder la tête froide, de relativiser et de réguler ses émotions !
Est-ce si simple, de méditer ?
Il est vrai que lorsqu’on parle de méditation de pleine conscience, cela semble assez miraculeux ! Tant de bienfaits pour si peu d’efforts… Finalement, pourquoi n’avons-nous pas pratiqué plus tôt ?
Il est vrai que c’est facile à expérimenter ! entre les formations, les ateliers, les nombreuses applis qui proposent des séquences souvent très bien faites… il suffit d’être curieux et de tester.
Mais en revanche, la méditation est une discipline qui nécessite régularité et démarche sincère, car seule une pratique régulière permet un véritable impact. Ça se travaille, au même titre que la course ou un autre sport. Et oui, il est possible de s’entraîner « au calme et au recul », à condition d’y travailler quotidiennement ! Ce n’est pas un jeu et les effets ne se font sentir que sur la durée.
Il faut faire l’effort de prendre le temps, dans un monde où on en manque : la méditation n’est pas une fin en soi, n’est pas un simple outil, mais un CHEMIN à prendre, une ouverture à soi et aux autres…
Il faut ainsi en faire un chemin de transformation personnelle et non pas un simple outil de mieux-être.
Bref, il s’agit d’une pratique exigeante, qui peut faire évoluer nos manières de vivre au quotidien, et donc de manager… et ouvrir le chemin de l’entreprise humaniste !
Et dans l’entreprise ? La méditation pour tous peut-elle être un outil de management ?
Plusieurs grandes entreprises internationales et françaises ont décidé de lancer des programmes de formation à la méditation pour l’ensemble de leurs salariés, y voyant un moyen de réduire les risques psycho-sociaux : Google, Ford, puis EDF, L’oréal, MMA, Axa, Sodexo par exemple.
Si la méditation est un atout pour le dirigeant, ne serait-elle pas également utile aux salariés et favorable à une ambiance de travail plus sereine ?
Il me semble qu’une initiative de ce type peut permettre de développer une meilleure écoute au sein des équipes, d’optimiser la communication interne et peut-être même de booster cohésion et motivation.
Il ne faudrait pas en revanche utiliser la méditation comme un outil pour cacher ou justifier une pression ou des charges de travail croissantes sur les collaborateurs !
Faire entrer la méditation dans votre entreprise peut contribuer à une évolution de la culture interne, devenir un support du vivre ensemble et contribuer à construire la communauté interne :
Faire de l’entreprise un lieu où il fait bon travailler, un lieu où les relations humaines sont de bonne qualité !
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