Qu’est-ce que l’ego ? Une « faiblesse honteuse » à cacher et combattre ? Un levier puissant de charisme et d’ambition ? Comment l’ego peut-il devenir frein ou moteur d’un management performant et humain ? En quoi l’ego est-il au cœur de notre mission de manager ?… Ces questions sont passionnantes, et difficiles !
J’ai eu la grande chance d’intervenir le 3 avril dernier, lors du Festival Eklore, le « rendez-vous des Managers face aux défis de l’humain ». Cette journée de conférences, ateliers et réflexions est organisée par des personnes formidables au service de l’entreprise humaniste et réunit plusieurs milliers de managers acteurs du changement dans l’entreprise.
Il m’a été demandé de prendre la parole lors de la table ronde de clôture, entourée d’intervenants exceptionnels et face à une salle comble et attentive, sur le thème « Egologie et Management »…J’avoue avoir été d’abord surprise et décontenancée en découvrant ce sujet ! En tant que manager, je ne m’étais jamais interrogée sur mon ego et ce qu’il pouvait apporter ou freiner dans mon aventure managériale…
Avez-vous déjà réfléchi et tenté de définir ce qu’est votre ego et comment il intervient dans votre vie et vos décisions personnelles et professionnelles ? L’exercice est plutôt… intéressant 😊
J’ai plaisir à vous partager mes réflexions sur le sujet et les convictions que j’ai portées lors de la table ronde… en toute honnêteté et transparence !

Comment dompter son ego pour le mettre au service des autres ?
Clairement, à mon sens, il n’est pas possible de « dompter son ego » une bonne fois pour toutes !
Si je tente de définir ce qu’est l’égo, je dirais que l’ego, c’est le « moi je ». C’est la représentation et la conscience que j’ai de moi, le sentiment de « mon importance », une manière de marquer mon territoire et ma valeur… ça fait partie de moi !
Et je suis convaincue que cet égo, déjà, ne peut être figé : il évolue constamment, en fonction de mon expérience de vie, des difficultés que je rencontre, de mes erreurs et des leçons que j’en tire, de mon observation et de mon écoute des autres aussi.
Et deuxièmement, je pars du principe qu’il n’est pas mauvais ; il est nécessaire et je peux en avoir besoin : pour m’affirmer et oser, pour entreprendre et réussir, pour manager et entraîner dans mon engagement : mes équipes, mes partenaires, mes clients, tous mes interlocuteurs…
Chacune, chacun d’entre nous a besoin d’estime de soi, de confiance, d’ambition et surtout les managers, pour porter le leadership. C’est l’orgueil, cette face noire de l’ego, qui doit être surveillé de près !
Le sujet à mon sens, c’est plutôt comment aider cet ego à se développer au fil du temps, sans sombrer dans le nombrilisme, l’orgueil, mais en favorisant en revanche l’estime de soi, la confiance, une ambition saine ?
Le challenge finalement, c’est de le mettre à sa bonne place et d’être alignée, de se sentir en harmonie avec lui.
C’est en cela que l’ego apporte du positif et en cela que je le considère… avec ce double sens important : je le « prends en considération » et je « lui apporte de la considération, de l’estime» !
Comment je gère et je fais évoluer cet ego pour être heureuse et au service des autres plutôt que malheureuse au service de moi-même ?!
Travailler sur soi, pour maîtriser son ego et prendre la voie du bonheur
Je pense que pour y parvenir, il faut apprendre à se connaître, et donc travailler sur soi.
Pour moi, c’est un chemin de vie. Ça fait 27 ans que je travaille, dont 25 ans que j’exerce des fonctions de management, et chaque expérience, chaque difficulté rencontrée me fait avancer dans cette connaissance de moi-même, et c’est ce qui permet d’exploiter mon ego « au service du positif », du collectif.
On peut y travailler de bien des manières… Voici mes « petits trucs personnels » :
Tout d’abord, je suis persuadée que le secret d’un ego maîtrisé, utile, c’est de servir une cause plus grande que soi, une cause à laquelle on adhère à 100%, un collectif, un engagement qui dépasse ses intérêts personnels.
C’est ce que je fais chaque jour chez Réseau Entreprendre depuis près de 4 ans par exemple, et aussi dans mon blog : je porte et je sers la cause de l’entreprise créatrice de richesses et espace d’épanouissement à laquelle je crois, je sers la cause des entrepreneurs et des dirigeants et managers humanistes, et pas seulement un sujet personnel.
Un sacré levier de confiance en soi et de bien-être personnel !
Quelques astuces qui me semblent essentielles également :
Accepter de ne pas tout savoir, rester en veille pour conserver sa capacité à se remettre en cause, rester à l’écoute de l’autre…
Veiller à toujours apprécier ce qu’on fait : le plaisir est un puissant moteur de confiance : le plaisir pour soi et ce qu’on fait, le plaisir pour ce qu’on va apporter aux autres
Apprendre à lâcher prise : ce n’est pas le plus simple : ce qui m’aide beaucoup par exemple, c’est la sophrologie, que je pratique depuis de nombreuses années, et la méditation que je pratique depuis quelques mois seulement.
Je trouve que revenir à l’instant présent est très puissant, pour apaiser son ego parfois malmené ! ça permet de laisser passer les angoisses, les peurs, de mieux s’accepter, de se libérer. Ça donne une espèce de sérénité.
Enfin, cultivons l’optimisme ! Si on a confiance en soi et si on est optimiste et positif… on pousse à l’énergie collective autour de soi plutôt qu’à l’intérêt individuel.
Bref, Prise de recul, lâcher prise, plaisir, optimisme, se mettre au service d’un collectif… tout cela peut permettre je pense, d’éviter que son ego ne « déforme la réalité » !

Le manager du futur transformera son ego en charisme et leadership !
Un manager aujourd’hui ne peut plus être « egocentré ».
Dans le passé et encore parfois aujourd’hui (trop souvent), le manager pratiquait ce qu’on appelle parfois « l’ego-management », c’est-à-dire qu’il était placé en haut de la hiérarchie, du sommet duquel il donnait ses ordres aux autres. En synthèse, c’est : j’ai le pouvoir, je détiens le savoir, j’impose les actions à mener pour atteindre MES objectifs.
Aujourd’hui, cette dictature de l’égo est à mon sens un véritable frein à l’évolution du management, et elle est de moins en moins supportable.
Ce modèle ne fonctionne plus, car l’entreprise se transforme et que nous sommes passés progressivement d’un pouvoir vertical, à un pouvoir partagé.
Dans notre nouveau monde, porté par le digital et la techno, par de nouvelles aspirations et exigences des salariés, dont le désengagement est un enjeu majeur pour l’entreprise et sa performance…
Je crois que notre légitimité de manager, de dirigeant, doit être puisée moins dans nos expertises et compétences, moins dans le contrôle, et beaucoup plus dans notre capacité à donner de la vision, à impulser du positif, et aussi dans notre capacité à partager les responsabilités et à définir collectivement les règles du jeu.
Le manager doit désormais être avant tout un accompagnateur, un coach, qui va aider ses collaborateurs à s’adapter aux changements, à développer leur agilité et leur capacité d’innovation
Le manager doit développer la coopération, l’intelligence collective, et ce n’est pas possible si l’ego contrôle le manager, car ce dernier va créer des jeux de pouvoir et du stress dans la relation de travail.
Etre centré sur son ego, c’est travailler seul et ce n’est plus possible :
Le manager doit mailler, entraîner des équipes souvent bien plus complexes que par le passé : des équipes éclatées géographiquement, intergénérationnelles, multiculturelles…
Je le vis personnellement chaque jour chez Réseau Entreprendre, où mon équipe est un peu tout cela à la fois ; On travaille à distance, en équipes projets, avec des outils digitaux, et je suis portée par la confiance que je mets dans l’engagement, l’autonomie et la performance de chaque collaborateur.
Il me semble nécessaire de se libérer du poids hiérarchique, pour donner aux collaborateurs les clés qui vont les rendre autonomes et responsables.
Et ça, ça nécessite de mettre son ego de côté !
Cela ne signifie pas qu’il faille lutter contre son ego ou le refuser. Au contraire il faut l’accepter pour pouvoir l’utiliser :
Pour manager aujourd’hui, il faut certainement être en phase avec son ego : renoncer à la « toute puissance », avoir suffisamment confiance dans les équipes, ne pas se sentir menacé par exemple par un collaborateur qui a des compétences qu’on n’a pas…
Le manager existe pour servir ses équipes et son entreprise, et pas son ego. Bref, il faut mettre son ego au service du collectif et du projet d’entreprise.
Un projet ne peut plus être porté par l’ego du dirigeant et son ambition personnelle seulement. Il prend sens uniquement s’il va au-delà et s’il permet de créer une dynamique collective.
Et seul un ego maîtrisé va permettre de mettre le groupe en mouvement, de faire adhérer, fédérer, entraîner, et créer une capacité à réussir ensemble.
Ce qui doit animer le manager de demain…
Pour porter l’engagement des collaborateurs et faire grandir l’entreprise, le manager doit ainsi :
Etre animé par l’envie de voir ses collaborateurs grandir et devenir autonomes, et pas par le fait d’avoir du pouvoir
Comprendre que l’entreprise est un écosystème vivant, dans lequel chaque collaborateur a quelque chose à apporter et une interaction à créer
Se mettre au service d’un projet ou d’une cause supérieure à son ambition personnelle et à son orgueil.
Et pour cela, on en revient à la même chose : accepter d’être soi-même, avoir le courage de se regarder et de s’accepter, assumer ses valeurs, ses actes, ses erreurs, accepter aussi de ne pas être parfait, lâcher prise et adopter une attitude positive et optimiste pour influer positivement sur l’environnement et libérer l’énergie autour de soi !

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